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La bataille de Djebel Mongorno, près de Médéa, est sans conteste l’un des faits marquants de cette « guerre d’usure », livrée contre l’occupant par les combattants de l’Armée de libération nationale (ALN) de la wilaya IV historique.

Le 29 décembre 1958, sous le commandement du colonel Si M’hamed Bouguerra, les trois katibate Zoubiria, Hamdania et Omaria, qui comptent près de 400 hommes, se déploient à travers les maquis de la zone 2, en direction du quartier général de la Wilaya IV, localisé au massif de Ouled Bouachra. Un important rendez-vous doit se tenir quelque part à l’intérieur de ce massif forestier, réputé imprenable, en vue de fédérer les trois Katibate en une seule entité militaire. L’objectif du commandement de la wilaya IV est de parvenir à mettre sur pied un bataillon capable de contrecarrer la stratégie militaire de l’ennemi. Mais le rendez-vous n’aura jamais lieu. Un imprévu va bouleverser tous les plans.

Des unités de l’ALN, qui font route vers Ouled Bouachra, observent un mouvement de troupes ennemies vers la zone de réunion. C’est alors qu’elles décident de se déployer dans les maquis avoisinants, notamment à djebel Mongorno, distant de quelques kilomètres du lieu de rendez-vous. Informées de la présence de dirigeants de l’ALN dans cette région, les forces armées françaises improvisent un ratissage de grande ampleur. Des troupes estimées à plusieurs milliers de soldats se mettent en position d’encerclement. Pour l’état-major, c’est une occasion inespérée qui se présente pour décapiter la Wilaya IV.

A l’aube de la journée du 30 décembre, des éléments des katibate Zoubiria et Hamdania prennent position sur les points culminants de ce vaste massif forestier, afin de sécuriser la zone et couvrir la retraite des autres éléments, déjà présents à Ouled Bouachraa, en cas d’encerclement.

L’affrontement est donc inévitable vu l’impressionnant dispositif militaire déployé, ce jour-là, et qui n’augure de rien de bon pour les deux katibate. Elles sont loin d’être aussi équipées que leurs ennemis.

Vers dix heures du matin, les premières salves éclatent, annonçant le début de l’une des plus grandes bataille qu’ont eu à livrer les troupes de l’ALN durant la guerre de libération. L’effet de surprise va déstabiliser l’Etat-major français, contraint de stopper son avancée vers Ouled Bouachraa où s’est regroupé, quelques heures auparavant, le gros des troupes de l’ALN, et de livrer bataille à « Djebel Mongorno ».

Les combats vont gagner en intensité, au fur et à mesure que le temps passe, et s’étendre vers des zones plus lointaines, formant un rayon d’action de plusieurs kilomètres à la ronde.

Pendant d’interminables heures, la zone de combat est soumise à un déluge de feu que crachent sans interruption les canons de l’artillerie légère, déployée tout autour du Djebel Mongorno.

L’enfer vient également du ciel : un ballet incessant d’avions de combat, « Jaguar », « T6 », « B26 » et « B291 » larguent leurs bombes sur les positions occupées par les éléments des katibate zoubiria et Hamdania, dans une tentative désespérée d’éviter une « déroute » qui commence à se dessiner, en cette fin de journée. D’importants renforts affluent des garnisons de Blida et d’Alger vers les lieux de l’affrontement.

Aux crépuscules, quelques tirs sporadiques continuent de retentir, ici et là, moins intense qu’à la mi-journée où les combats faisaient rage. Tous les éléments de l’ALN, encore en vie ou légèrement blessés, ont réussi à traverser les mailles du dispositif d’encerclement mis en place par l’armée coloniale, afin d’empêcher toute possibilité de retraite. Des hommes se sont portés volontaire pour assurer le repli de leurs compagnons vers des maquis plus sûrs. Certains parviendront à rejoindre le reste des troupes, d’autres viendront rallonger la liste des martyrs,

140 valeureux combattants des katibate zoubiria et hamdania sont morts en martyrs lors de la bataille de Djebel Mongorno. Beaucoup de ces martyrs, notamment parmi l’effectif de la katiba hamdania, décimée presque entièrement, ont été brûlés au napalm, selon les témoignages de rescapés.

En revanche, dans les rangs de l’ennemi, les pertes sont plus importantes. Selon certaines sources, elles sont estimées à environ 200 morts ; d’autres sources les situent aux alentours de 600. Trois avions ont été également abattus.

Outre les pertes infligées à l’ennemi, la bataille de Djebel Mongorno a eu le mérite d’accélérer la réorganisation des unités combattantes de l’ALN, constituées, depuis cette bataille, d’un effectif réduit, très mobile, bien entraîné et doté d’un armement plus performant.

  • Sources : APS Blida